L'endroit où coassent les grenouilles

L’endroit où coassent les grenouille est une performance olfactive : je répands dans ma rue un autoportrait composé de parfums de poivre, de géranium, de fleur d’oranger, d’ambre, d’algue et du produit nettoyant que j’utilise au quotidien. Du numéro 1 au numéro 128 de la rue des Chantereines, j’applique le spray sur les vitres de mes voisins.es, puis je les nettoie afin de répandre l’odeur sur toute la surface.
Utiliser des matières odorantes dans mes œuvres est une tentative de trouver de nouvelles façons de dialoguer avec les êtres vivants. Ces autoportraits sont comme un retour à mon animalité, me permettant de communiquer autrement. Le temps de quelques heures, je marque mon territoire, ma présence dans cette rue, jusqu’à sa disparition totale.
Les odeurs choisies pour cette performance se retrouvent dans mon quotidien, soit à travers mes produits ménagers, soit dans mes cosmétiques et produits hygiéniques, soit dans ma perception de mes odeurs naturelles. Les odeurs artificielles nous « collent à la peau » et créent une double identités olfactives. Dans un monde encore trop peu paritaire où le ménage et les soins du corps sont encore identifiés comme féminin, j’utilise les produits que l’on m’attribue et les transforme en outil de création.