top of page

Je m'en lave les mains

En 2020, alors que la pandémie du COVID-19 faisait rage, le lavage des mains s'est intensifié. Le monde entier s'est retrouvé dans cette activité devenue primordiale et le savon a renoué avec ses caractéristiques primaires sanitaires. Juliette delecour a toujours été happée par la malléabilité de cette matière : "enfant, j'étais fascinée par la transformation perpétuelle de cet objet, sculpté par le passage régulier des mains en sa surface."

 

Elle l'explore dans Je m'en lave les mains, une installation constituée de cages en métal à la forme de tête humaine, enfermant des morceaux de savon. Chacun des pains présentés est fabriqué par l'artiste. Il est composé d'huile, de soude et de cellule de ses mains. Une fois les savons secs, l'artiste les polit, les façonne, toujours à l'aide de ses mains. Déposés ainsi dans des cages ajourées, ceux-ci deviennent cerveaux manifestant notre obsession hygiénique de ces temps tourmentés. Les cages étant ouvertes, il est possible de s'en emparer. "En prenant possession de cette forme imprégnée de mon geste et des dépôts de mon corps qui la constitue, chacun.e peut continuer le rituel de lavage de mains et transformer la sculpture en une caresse entre des doigts qui ne se sont jamais touchés, jusqu'à la disparition totale de la matière."

 

L'intime se loge dans tous les sens. Celui du toucher qui se fait par la médiation du savon, celui de la vue, qui projette l'autre dans le morceau éphémère, celui de l'odeur bien sûr, qui rapproche des corps qui ne se sont jamais rencontrés et qui porte, avec elle, toute l'histoire de ce petit objet usuel.

 

Texte de Sandra Barré pour l'exposition "Horizons Olfactifs".

Métal, savon composé d’eau du lavage des mains de l’artiste - Dimension variable.

© Julia Dumont

© Julia Dumont

bottom of page